samedi 20 juillet 2024

ODYSSEE, Camille Prioul

 


ODYSSEE

Un seul en scène inoubliable 

Festival off d’Avignon – 2024

Théâtre Le grand pavois / 11h45

La compagnie Plop

Texte : Camille Prioul

Succès OFF 2019, 2021, 2022, 2023

Dis-moi, Muse, cet homme subtil qui erra si longtemps, après qu’il eut renversé la citadelle sacrée de Troie. Et il vit les cités de peuples nombreux, et il connut leur esprit ; et, dans son cœur, il endura beaucoup de maux, sur la mer, pour sa propre vie et le retour de ses compagnons. Mais il ne les sauva point, contre son désir ; et ils périrent par leur impiété, les insensés ! ayant mangé les bœufs de Hèlios Hypérionade. Et ce dernier leur ravit l’heure du retour. Dis-moi une partie de ces choses, Déesse, fille de Zeus. (Début du chant I. Traduction par Leconte de Lisle).

C’est ainsi que commence le célèbre poème d’Homère divisé en 24 chants, une œuvre comparable à la Bible pour son importance dans l’histoire mondiale de la littérature. Un best-seller venu de l’antiquité grecque et qui continue à charmer et à captiver. Un chef d’œuvre immortel que l’on apprécie davantage en l’écoutant qu’en le lisant. L’Odyssée est une œuvre qui doit être en effet proclamée, chantée, incarnée par une voix. En paraphrasant le commencement qu’Homère donne à son grand poème on pourrait dire : Dis-moi, Camille, cet homme subtil qui erra si longtemps… Cela fait des années que Camille Prioul a réécrit et interprété l’Odyssée qui nous raconte les aventures d’Ulysse à l’issue de la guerre de Troie. 10 années de longues errances et d’épreuves sur mer pour parvenir enfin dans sa patrie Ithaque et retrouver Pénélope et Télémaque, malgré la colère de Poséidon, la bêtise de beaucoup de ses compagnons, et l’arrogance des princes d’Ithaque (Les Prétendants insolents) convoitant sa femme et épuisant ses biens … Et tous les dieux le prenaient en pitié, excepté Poséidon, qui était toujours irrité contre le divin Odysseus (Ulysse), jusqu’à ce qu’il fût rentré dans son pays…

Camille Prioul, auteur et interprète de cette Odyssée adaptée au théâtre, est parvenu de manière magistrale à nous raconter l’essentiel des aventures d’Ulysse en 1h20 ! Un véritable exploit ! On ne peut que saluer avec admiration et gratitude son époustouflante performance car Camille est seul sur scène et il interprète tour à tour les principaux personnages de l’Odyssée, hommes et femmes, monstres et dieux, avec un talent impressionnant. Il est à la fois l’aède qui nous raconte une histoire et nous captive et Ulysse qui en est le protagoniste essentiel… et tous les autres personnages ! En observant le jeu de Camille sur scène on se croirait transporté dans un autre grand poème de l’antiquité Les métamorphoses d’Ovide. Camille se métamorphose en permanence tout au long de son spectacle. On comprend aisément le succès de cette performance d’acteur au service de l’un des plus beaux textes de l’histoire de l’humanité : le 12 juillet 2024, ce fut la 250ème représentation de ce spectacle inoubliable. Que l'on connaisse déjà le texte d'Homère ou pas, Camille nous introduit avec brio dans ce qui fait son charme, captivant les petits comme les grands. L’un des sommets de ce spectacle extraordinaire est le passage dans lequel Ulysse et ses compagnons affrontent, prisonniers dans son antre, le cyclope Polyphème, qu’ils finiront par aveugler grâce à la ruse d’Ulysse, ce qui provoquera la colère de son père Poséidon… (cf. Chant IX). C’est en faisant boire au cyclope un vin délicieux qu’Ulysse parviendra à l’aveugler. Voici un passage du texte d’Homère :

Il prit et but plein de joie ; puis, ayant bu le doux breuvage, il m’en demanda de nouveau :

Donne-m’en encore, cher, et dis-moi promptement ton nom, afin que je te fasse un présent hospitalier dont tu te réjouisses. La terre féconde rapporte aussi aux Cyclopes un vin généreux, et les pluies de Zeus font croître nos vignes ; mais celui-ci est fait de nectar et d’ambroisie.

Il parla ainsi, et de nouveau je lui donnai ce vin ardent. Et je lui en offris trois fois, et trois fois il le but dans sa démence. Mais dès que le vin eut troublé son esprit, alors je lui parlai ainsi en paroles flatteuses :

Cyclope, tu me demandes mon nom illustre. Je te le dirai, et tu me feras le présent hospitalier que tu m’as promis. Mon nom est Personne. Mon père et ma mère et tous mes compagnons me nomment Personne.

Je parlai ainsi, et, dans son âme farouche, il me répondit :

Je mangerai Personne après tous ses compagnons, tous les autres avant lui. Ceci sera le présent hospitalier que je te ferai. (Chant IX).

Le spectacle conçu et interprété par Camille Prioul fait partie de mes coups de cœurs de cette édition 2024 du festival Off. Cher Camille, je vous propose un nouveau sujet d’inspiration pour l’année prochaine, l’adaptation d’un autre chef d’œuvre immortel qui commence ainsi :

Je vais chanter la guerre et celui qui, exilé prédestiné - tout a commencé par lui-, vint, des parages de Troie, en Italie, à Lavinium, sur le rivage.  Lui qui, sur terre et sur mer, fut longtemps le jouet des puissances célestes, à cause de la rancune tenace de la cruelle Junon ; qui eut tant à souffrir de la guerre, pour fonder à ce prix une ville et installer ses Pénates dans le Latium. D’où la nation latine, Albe et ses Anciens, et les murailles de la noble Rome.

Qu’en dites-vous Camille ?

 

 

 

 

                                                                                                           


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